1429 – Jeanne d'Arc
Le premier portrait
A propos de
L'exposition met en lumière l’unique représentation contemporaine de Jeanne d’Arc. Réalisé en 1429 par Clément de Fauquembergue, qui est greffier du Parlement de Paris, ce portrait miniature figure en marge d’un registre judiciaire.
À travers ce document exceptionnel, l’exposition revient sur les moments décisifs de l’épopée de Jeanne d’Arc, de la levée du siège d’Orléans au sacre de Charles VII à Reims. Elle interroge également la construction de son image à travers les siècles, entre mythes et réalités historiques.
Miracle sur la Loire
Le 10 mai 1429 arrive à Paris une nouvelle stupéfiante. Les Anglais, qui assiégeaient la ville d'Orléans depuis près de six mois et paraissaient sur le point de s'en emparer, ont été mis en déroute par une « pucelle portant bannière ». Ce coup de théâtre est loin de ravir les Parisiens, qui tenaient depuis longtemps le parti du duc de Bourgogne, allié aux Anglais. Depuis 1422, ils reconnaissent pour roi légitime Henri VI de Lancastre, roi de France et roi d'Angleterre, et vouent une haine tenace à Charles VII, réfugié au sud de la Loire, dans ce qu'on appelle alors, par dérision, le « royaume de Bourges ».
Une administration française au service d'un roi anglais
Le régime franco-anglais, dit de « double monarchie », n'était pas rare dans l'Europe d'alors, chaque royaume conservant ses institutions, sa langue et ses coutumes. La principale juridiction du royaume était le Parlement de Paris, qui recevait les appels des sentences rendues par les tribunaux subordonnés dans les pays ayant fait allégeance à Henri VI, soit toute la moitié nord de la France.
Clément de Fauquembergue y occupe les fonctions de greffier civil. À ce titre, il est chargé de tenir le Registre du conseil, une sorte de journal officiel des arrêts prononcés par le Parlement, des ordonnances royales qui y étaient publiées et enregistrées, mais aussi de l'actualité politique générale. À la date du 10 mai 1429, il mentionne en quelques lignes la levée du siège d'Orléans, dont il minimise la portée. En marge, comme cela se faisait parfois, mais seulement pour les nouvelles les plus retentissantes, il dessine un portrait imaginaire de Jeanne d'Arc.
Pucelle, prostituée, ou amazone ?
Le portrait imaginaire de Jeanne d'Arc intrigue depuis longtemps les historiens. Sans doute, les intentions de son auteur, ne sont pas favorables à l'héroïne lorraine. Elle est figurée cheveux longs et dénoués, avec une poitrine opulente, en robe, ayant une très forte épée à sa gauche et tenant, à sa droite, son célèbre étendard.
La signification de tous ces attributs est ambiguë. Elle reflète sans doute le trouble du greffier. Les cheveux libres notamment peuvent évoquer la jeune femme avant le mariage, mais aussi la jeunesse désordonnée ou, encore, conjointement avec l'épée et la robe longue, la figure de l'amazone, seul modèle offert par la culture savante du temps pour rendre compte de l'inimaginable : une femme, qui plus est simple paysanne, équipée et armée comme un homme, conduisant à l'assaut les gens de guerre du roi.
Carte de visite
Jusqu'au 19 mai 2025.
https://francearchives.gouv.fr/fr/section/44277