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"MEMOIRES VIVES"

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Avec son univers à la fois violent et captivant, Grand Blanc signe ici un beau disque sombre mais chargé d'un espoir fou paru le 19 février 2016. « Bats-toi si t'es un homme, pousse des portes battantes / N'attends pas qu'on te donne, coupe dans les files d'attente » intime le groupe sur Bosphore. Grand Blanc pourrait bien devenir l'une des formations phare de cette nouvelle scène qui secoue la France.

A propos de

C'est à Metz, « à l'ombre des grandes cathédrales et des hauts fourneaux » comme ils aiment à le dire, que Grand Blanc a grandi et s'est construit. À 20 ans, la bande – Benoit et Camille au chant, Luc et Vincent aux machines - s'installe à Paris et se fait rapidement repérer par le label Entreprise. Après un premier EP sorti en septembre 2014 - et un tube en puissance Samedi la nuit - Grand Blanc sera quelques mois plus tard l'une des révélations des Transmusicales de Rennes.

« Surprise! Parti! Un jour on rallume et tout le monde est parti...» chantent Camille – tête d'ange et voix claire - et Benoit – gueule cassée et timbre grave - sur Surprise Party, le titre qui ouvre Mémoires vives, leur premier album à sortir en février prochain. Cette spectaculaire introduction - synthés THX, batterie XXL et guitares fuzz - pose les bases d'un disque direct et viscéral dans le ton mais ambitieux et complexe dans sa construction. Masculin et féminin, garage et digital, sombre et lumineux, Grand Blanc semble brouiller les pistes en les multipliant.

Pourtant, une écoute attentive de l'album révèle au contraire un univers d'une étrange mais impressionnante cohérence pour un si jeune groupe. Épaulé par Adrien Pallot (La Femme, Blind Digital Citizen), Frédéric Deces (C.A.R., Izia, Bagarre) et Nathan Herveux, figures montantes de la nouvelle génération d'ingénieurs français, le quatuor a enregistré un disque au son urgent et résolument contemporain.

A l'image d'une certaine scène actuelle - Flavien Berger, La Femme ou Bagarre en France, Tame Impala, Com Truise ou encore Soft Moon ailleurs - Grand Blanc ne veut pas avoir à choisir entre rock et pulsations électro. Évidence est à ce titre emblématique : s'il démarre sur un beat lancinant hanté par la voix rauque de Benoit, le morceau bascule, à la faveur d'un refrain aux sonorités quasi RnB porté par le chant aérien de Camille. « Tu danses , tant qu'on est en vie » nous suggère-t-elle. C'est que leurs attachantes Mémoires vives au son âpre comme un grunge électronique ont l'odeur sulfureuse du parfum de l'adolescence, entre errances parisiennes et racines lorraines.

Si la modernité de la production assurée par Luc et Vincent impressionne, c'est à l'écoute des paroles que le disque prend tout son sens. Truffés de trouvailles stylistiques, jouant sur les mots et les sons, les textes surprennent avant de marquer durablement l'auditeur. Avec un sens rare du titre (L'amour fou , Les abonnés absents, Désert désir ) et de la formule (« Casse moi ou casse toi, les temps sont durs » dans Tendresse), capable de croiser références mythologiques et préoccupations quotidiennes (Bosphore), Benoit, l'auteur du groupe, mêle dans ses chansons attitude détachée et romantisme exalté. Il lui donne au passage un supplément d'âme car en définitive, il n'est question ici que d'une seule chose : cette quête insensée du bonheur d'une génération, ne serait-ce que le temps d'une soirée.

Avec son univers à la fois violent et captivant, Grand Blanc signe ici un beau disque sombre mais chargé d'un espoir fou. « Bats-toi si t'es un homme, pousse des portes battantes / N'attends pas qu'on te donne, coupe dans les files d'attente » intime le groupe sur Bosphore. Grand Blanc pourrait bien devenir l'une des formations phare de cette nouvelle scène qui secoue la France.

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