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Strasbourg 1200-1230 : La révolution gothique

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Du 16 octobre 2015 au 14 février 2016

A propos de

La construction du transept sud de la cathédrale est la première manifestation du nouveau style en terre germanique. Les travaux de sculpture qu'elle occasionne, en particulier les statues de l'Église, de la Synagogue et du Pilier des Anges, comptent parmi les plus célèbres chefs-d'œuvre de l'art occidental du Moyen Age. Strasbourg se trouve alors projeté sur le devant de la scène artistique, à la fois par les commandes à ses ateliers et par l'influence des œuvres qui y sont produites. La statuaire de la cathédrale de Strasbourg manifeste l'influence des cathédrales de Chartres et de Sens. Elle a été aussitôt imitée à la cathédrale de Bamberg et on en trouve l'écho jusque dans les vitraux de Sainte-Elisabeth à Marburg.

L'exposition réunit ce qu'il est possible des œuvres dispersées provenant de collections publiques et privées européennes qui témoignent de ce bouleversement artistique (sculpture, vitrail, enluminure, orfèvrerie...) et évoque les sources ainsi que le rayonnement de cet atelier exceptionnel.

LA FIN DE L'ART ROMAN

Avant 1200, ni le style antiquisant introduit par Nicolas de Verdun dans la région mosane, ni l'architecture gothique déjà vieille de plus d'un demi-siècle, mais encore fortement liée à la monarchie française, n'ont pénétré à Strasbourg.

La reconstruction des parties orientales de la cathédrale et les nouvelles portes des fortifications montrent le même vocabulaire roman tardif que les cathédrales de Bâle et de Worms. La peinture est fortement imprégnée par les modèles byzantins, comme en témoignent les enluminures de l'Hortus deliciarum de l'abbesse Herrade de Hohenburg, connues par des copies, et les vitraux de la cathédrale qui participent du même courant. Rien ne laisse présager le bouleversement des deux décennies suivantes, sinon l'intensi­fication des relations commerciales et politiques avec les régions voisines.

LE CHANGEMENT STYLISTIQUE

C'est l'orfèvrerie qui évolue le plus vite dans les premières années du siècle à Strasbourg, avec les croix-reliquaires perdues de la cathédrale et du couvent de Niedermunster,la croix Böcklinà Fribourg-en-Brisgau et la croix d'Engelberg, l'une et l'autre parvenues jusqu'à nous, puis les sceaux des évêques et enfin les bulles impériales de Frédéric II. Les sceaux, trop rarement pris en considération par l'histoire de l'art, alors que leurs matrices étaient souvent des chefs-d'œuvre d'orfèvrerie, témoignent les premiers d'une ouverture aux nou­veaux courants. Celui du chapitre cathédral et celui de la ville, attestés tous deux en 1201, sont probablement dus à un orfèvre mosan.

Le changement ne pouvait être aussi progressif dans l'architecture et son décor sculpté, car il y dépendait d'une rupture dans les techniques qu'on aurait difficilement pu obtenir sans accueillir une équipe formée ailleurs. Cela se produisit à la cathédrale et à Saint-Thomas, avec l'arrivée d'un architecte et sculpteur qui a visiblement travaillé sur les chantiers fran­çais, probablement dès la fin des années 1210. Celui-ci adapte non sans peine la nouvelle manière de construire à un substrat roman et impose un style de sculpture radicalement neuf, égal à celui des plus belles cathédrales françaises. Le décor du croisillon sud du transept de la cathédrale montre la connaissance de Sens et Chartres, tout en ne se dédui­sant que partiellement de ces précédents. La souplesse et le mouvement de ses figures, du pilier des anges aux statues de l'Église et de la Synagogue traduisent également sa familiarité avec l'orfèvrerie mosane. S'il appartient au courant antiquisant de la période par cette médiation, il est à l'évidence aussi une connaissance directe des monuments antiques, comme ses émules à la cathédrale de Reims.

LE RAYONNEMENT DU MAITRE DU CROISILLON SUD DU TRANSEPT

L'arrivée de cet artiste génial ancre définitivement l'art strasbourgeois dans les courants les plus modernes. Son impact apparaît immédiatement dans les vitraux, tout en rejaillissant sur l'orfèvrerie. La châsse de l'abbé Nantelme à Saint-Maurice en Valais, reproduisant dès 1225 la statue de la Synagogue dans le métal gravé est sans doute un travail strasbourgeois, comme l'onyx de Schaffhouse. Les chefs-d'œuvre qui ornent la cathédrale sont immédiatement imités dans l'Empire, avec la Porte du Prince de la cathédrale de Bamberg, puis les vitraux de Sainte-Elisabeth à Marburg. On suppose depuis Willibald Sauerländer que les œuvres bourguignonnes de style comparable suivent l'exemple strasbourgeois au lieu de le précéder, entre autres à Besançon, Dijon et Semur-en-Auxois.

En une génération, une ville artistiquement moyenne est donc passée au premier plan. Le style du maître du croisillon sud a un tel succès qu'il se prolonge jusqu'au milieu du siècle, mais, dès les environs de 1240, il est concurrencé à Strasbourg même par de nouveaux courants comme en témoigne un Sacrifice d'Abraham ensuite intégré au jubé de la cathédrale, puis l'arrivée vers 1250 de sculpteurs rémois. Encore influent dans les environs, comme le montre la sainte Madeleine conservée à l'Augustiner museum de Fribourg-en-Brisgau, le style du maître s'efface, victime de la dynamique artistique qu'il a engendrée.

Carte de visite

Musée de l'Œuvre Notre-Dame, Strasbourg

Mais encore

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